Le 26 octobre 2007
Cher Chin Hwa,
Tu dois te demander comment on en est arrivé là. Moi et ma scolarité en déclin, maman et ses sorties incessantes, papa et ses absences répétées. A vrai dire, ça s'est joué sous plusieurs tons. D'abord il y a eu les conseils de famille, les discussions à cœur ouvert, la fausse bonne volonté. Une bonne couche d'hypocrisie: "Ha Ni, tu ne veux pas entrer dans une classe international? Travailles plus. Manges moins. Fais attention ma chérie, si tu ne peux pas porter une taille "s", tu ne trouveras jamais un bon parti.". Une bonne grosse dose de fausse bonhomie. T'étais encore là bas, en occident, studieux, appliqué et cohérent, le genre d'héritier qui ne met pas mal à l'aise lors des réceptions. Tu suffisais, tout simplement. Puis il y a eu le divorce, le procès, le partage des biens, les articles dans les journaux. Tout étais bon pour gagner une joute verbal. Un magazine oublier sur un canapé, un devoir en retard, un anglais imparfait, un parfait trop entêtant. Je les regardais différemment, plus durement. Je les observais lorsqu'ils pensaient que je n'étais pas là. J'écoutais les reproches balancé au détour d'un couloir. Cachée sous un escalier. Je découvrais ma mauvaise éducation. Mon côté fantasque, mon insolence, ma vulgarité.C'était la faute de l'un ou de l'autre, ou des deux, je ne sais plus trop. J'apprenais que tu fuyais la villa pour une raison X,ou Y, M peut-être. Qu'importe. Je détestais mangée assise à leur table. J'exécrais le bruit de leur pas. Je me suis mise au violon et aux cours du soir. J'ai minci, un peu. Beaucoup. Je suis devenue une des meilleurs élèves de la classe. Pour le silence. Juste pour le silence.
Oppa. Quand reviens-tu me voir? Ici tout s'écroule. Encore et encore.
Ha Ni
Le 24 Novembre 2007
CH,
Parfois, le soir, je repense à nos vacances sur l'île Jeju. Je me surprends à les envier et à les redessiner. Je me roule en boule sur le canapé. Je rêve de courses folles et de rires délirants, de nos folies culinaires, de nos escapades sur la plage. Et je retombe sur terre avec des projets plein le front. En espérant que peut-être, un jour je le serai vraiment juriste. Pas pour eux, mais pour nous. Pour qu'on puisse vivre ensemble, quelque part dans Séoul. J'espère nous revoir proche, comme avant, quand on croyait encore aux monstres dans le placard. Oppa, tu ne le désires pas toi, parfois? De t'enfuir avec moi. Fuir les parents, les oncles et les tantes.
Tout devient plus calme à la maison. Alors peut-être, je dis bien peut-être, qu'ils nous laisseront aller de l'avant.
Ha Ni
Le 18 Février 2007
Oppa,
Aujourd'hui je n'ai pas été au lycée. Tout comme hier et avant hier. Oui, je sais c'est mal; mais ne t'énerves pas tous de suite, assied toi avant de poursuivre ta lecture, je pense que tu en auras besoin. Oppa? Je ne suis plus vierge. Et je te passerais les détails que tu ne souhaites surement pas savoir. Oui, je ne suis plus vierge et ça fait peur. Parce que c'est quelque chose d'intime, de personnel et de secret. Quelque chose de précieux qu'ils savent tous et qu'ils l'étalent sur tous les murs. Sur les tableaux, les casiers, les cahiers et les tables. Je suis seule maintenant grand frère. Et je pourrais m'y perdre totalement. J'ai mal au ventre, au cœur. J'ai la nausée, la migraine. Et ça ne passe pas.
Grand frère.
Je suis morte de peur.
Et je ne veux pas savoir. Je ne veux pas y retourner. Je veux te revoir.
Parce que tu me protégeras.
Tu me protèges toujours.
Ha Ni
Le 05 Juillet 2007
Dear Chin Hwa,
Comment s'est passé ton retour en Corée? Ton examen? Je suis sure que tu l'auras haut la main!
Ici tout est calme. La petite va bien, tout comme moi. Je n'ai aucune envie bizarre et mes sautes d'humeurs ne sont pas aussi catastrophique que je le craignais. Maman me reparle petit à petit. Parfois elle vient me voir à l'appartement. Elle râle en ramassant tes livres, soupire en observant les lettres d'admission. Je pense qu'elle t'en veut encore un peu, pour Oxford. Mais elle commence à s'y faire. Elle voudrait venir dîner à la maison dès que tu reviendras de Busan. D'ici là j'aurais fini de déballer nos cartons. Sauf si tu continus à m'envoyer des livres. Sérieusement tu veux faire quoi? Avocat ou libraire?
Je plaisante, évidemment.
Je t'aime
Ha Ni
Ainsi peut-être l'aurez-vous comprit, Kim Ha Ni est une bourgeoise issue de la bonne société séoulienne.
Une jeune femme qui comme tant d'autres avant elle a commit des erreurs, certaines plus graves que d'autres.
Aujourd'hui elle est l'heureuse maman d'une petite fille de six ans, Se Mi. Etudiante en journalisme, salariée à mi-temps. Aussi, peut-être pourrions-nous lui reprocher son inconscience, affirmer qu'elle a gâchée sa vie, son avenir pourtant... qu'en savons-nous vraiment?
Et bien ma première impression ressemble à quelque chose comme => Oh un forum city asiatique
(oui il y en a des tas mais celui qui m'a attiré c'est celui là) Et oh! La bannière! Le contexte! Les couleurs! L'ambiance!
Je n'ai jamais eu une idée de personnage aussi rapidement XD M'enfin tout ça pour dire que c'est un gros coup de coeur et que j'espère avoir beaucoup d'autres bonnes surprises comme ça