"A partir du moment où la société choisit de te rejeter... Peu importe l'argent que tu as, les relations, ou même les diplômes, tu n'avanceras jamais nulle part." Yamamoto Reita
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours été attiré par la Corée.
Petit, je me voyais déjà voyager un peu dans tous les sens. Les pays occidentaux ne m'ont jamais attiré, pour moi le monde se résumait à l'Asie. Je voulais découvrir la Chine, le Tibet, la Thaïlande... Et bien sûr la Corée. Du Sud. Au Nord y'a trop d'emmerdes pour moi. Alors je me suis donné un objectif. Faire mes études sans jamais repiquer, et une fois mon diplôme en main, aller vivre en Corée. Y travailler, m'y marier, y fonder une famille... Pour moi, tout était tracé dans ma tête. Et je pensais sérieusement que si j'y mettais du mien, j'y arriverai.
J'ai fais le lycée sans trop d'encombre. Disons que je visais la plus grande université du coin, Todai. Alors je me suis amusé autant que j'ai put dans mes années secondaires. J'aimais le foot, alors j'y jouais de temps en temps. Je touchais aussi au baseball, et j'avais quelques copines. Une fois mon diplôme en poche, je passais les examens d'entrée de Todai, que j'ai réussis haut la main. Maintenant que j'étais entré dans la cour des grands, je ne pouvais plus reculer. Fini les passe temps, fini les sorties, fini les activités qui ne font que te faire perdre du temps au lieu de te concentrer sur l'essentiel.
Si vous demandiez à tous ceux qui étaient autour de moi, ils vous diraient qu'ils ne me connaissent pas. Je n'étais jamais là. Je passais ma vie dans ma chambre à travailler, car je voulais montrer le meilleur de moi même et réussir afin de réaliser mon rêve. Attiré par l'informatique et tout ce qui l'entoure, j'avais choisit de devenir un ingénieur, et même de faire une expertise. Sur le temps libre que j'avais, j'allais prendre des cours de Coréen, cours du soir pas très cher que ma famille modeste pouvait m'offrir. Et c'est ainsi que j'ai passé cinq années de ma jeunesse. Une ribambelle de sacrifices, des combats, et enfin, une réussite plus que méritée.
A 23 ans, j'avais validé un Master d'expertise en ingénierie, et en plus de ça, je possédais un diplôme de langue que j'avais également acquis au même moment. J'avais toutes les cartes en main, il ne me restait plus qu'à prendre mon envol, et partir. Et pourtant... Aujourd'hui je suis encore plus malheureux qu'un pauvre homme mendiant dans la rue. Enfin... Je n'en suis pas à ce niveau là. Je suppose que je devrais m'en réjouir. Mais c'est difficile.
Quand je suis arrivée à Séoul... Je crois bien que j'étais l'un des jeunes les plus heureux du coin. Je me suis fais très vite des connaissances, j'ai sympathisé avec beaucoup de monde. Je me suis trouvé un appartement, payé par mes parents, en attendant de me faire embaucher par une entreprise. Je pouvais compter sur mon diplôme et sur l'expérience professionnelle que j'ai accumulé pendant mes années d'étudiant. J'avais un CV original, costaud, j'étais présentable et plus ou moins mature pour le métier.
Un emploi ne se trouve pas tout de suite... Je l'ai bien compris cinq mois après mon arrivée à Séoul, ayant depuis arpenté pas mal de sociétés. Mais je n'avais rien trouvé. Cela commençait à devenir plus ou moins embêtant. Mes parents continuaient de m'entretenir de loin, mais c'était une chose que j'appréciais de moins en moins. Je commençais à devenir adulte, il était temps que je sois indépendant financièrement. Alors j'ai redoublé d'effort en déposant des CV un peu partout. J'ai eu quelques entretiens d'embauche, mais rien de bien positif.
Huit mois plus tard, j'ai commencé à me demander ce qui n'allait pas. Et à ma 24ième année, j'ai compris quel était le mur qui m'empêchait de trouver un emploi malgré mon niveau.
"Je crois que tu as du mal à comprendre, Reita. Tu es très bon, c'est sûr. Mais tu n'es pas chez toi. Tu es un étranger... Les étrangers trouvent du travail, c'est vrai. Mais pas si haut placé. Les Coréens sont rigoureux là dessus. Un japonais n'aura jamais un poste aussi haut placé ici."Si je n'avais pas d'amis... Je me demande si j'aurai réalisé ça un jour.
"Tu pourrais viser plus bas. Pourquoi ne pas devenir un simple informaticien ? Ah, si tu veux je connais un cyber café qui cherche quelqu'un..."A ce moment précis, je ne sais pas exactement par quoi est-ce que j'ai été déchiré. Par ces mots ? Par le fait que j'ai bossé toute ma vie pour peut-être regarder des gens chatter dans des cyber cafés ?
"C'est déjà la fin du mois Reita... Comment vas-tu payer ton loyer ? Est-ce que tu as assez d'argent ?"Mes parents commençaient à s'essouffler. Mon père n'a plus tarder à être à la retraite, et pour moi, vivre comme un individu normal commençait à devenir presque impossible. J'ai dut quitter mon appartement, afin d'aller dans un endroit bien plus petit et plus modeste. Un simple studio, dans un immeuble que je dirai ancien, voire même presque délabré. Je mentais à ma mère que je ne manquais de rien, hors il me manquait tout. De la nourriture, et bientôt même, de l'électricité.
J'ai fini par comprendre que si je m'accrochais à mon rêve, je m'écroulerai bien avant de pouvoir le saisir. Il ne me restait plus qu'à viser des postes plus abordables, "ouverts aux étrangers". J'ai pris sur moi, et j'ai commencé à travailler dans un cyber café. Deux mois seulement, j'ai finis par abandonner. Je suis retourné cogner dans les entreprises que j'avais tenté dès mon arrivée à Séoul, mais les réponses restaient les mêmes. Six mois après ma 24ième année. Je me demandais si je tenais le bon bout, si je devais malgré tout continuer. Mais la réponse était plus qu'évidente. Ce diplôme, que j'ai eu avec tant de labeur, accroché fièrement sur le mur de mon studio assombrit, n'était qu'un document inutile face aux yeux fermés dans la société coréenne. Je ne pouvais rien faire.
Aujourd'hui, j'ai 25 ans, et je suis éboueur. Très tôt le matin, ou tard le soir, j'arpente les rues avec mes collègues pour ramasser les déchets, vider les poubelles de chaque rue, et faire le tri. Je ne gagne pas grand chose, mais j'ai de quoi manger à chaque repas. J'ai aussi de l'électricité à nouveau. J'ai presque l'impression de me sentir comme un roi, depuis. Pathétique, non ?
"Reita... Et si tu revenais à Tokyo ? Ta chambre est toujours là. Tes affaires aussi. Tu sais que tu peux revenir quand tu veux... Ici au moins, tu pourrais te trouver un travail stable, comme tu aimes. Pourquoi tu ne reviens pas ?"Parce que j'ai quelque chose à faire ici. Parce que je ne peux pas tourner le dos et revenir en arrière. Parce qu'à Tokyo, personne ne m'attend, si ce ne sont mes parents qui ont à peine assez d'argent pour s'entretenir. Parce que mon rêve se trouve ici, dans cet endroit, même s'il me méprise. Je ne peux pas retourner au Japon. Même si tout me pousse à le faire, quelque chose m'en empêche.
Je dois rester ici.
23.
Mon premier compte est Kwon Zi Lin ^^ Je compte sur vous pour bien vous occuper de mon Reita =D